Les francs Mérovingiens

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<< L'existence de Clodion n'est point incertaine, Grégoire de tours le qualifie d'homme puissant dans sa tribu (Utilem ac nobilissimum in gente sua). Cette tribu franque vint s'établir a Tongres, district de la gaule belgique, traversé par la meuse, et dans le voisinage des francs saliens. Frédegaire dit que Clodion était fils de Théodemer, et G. de Tours fait connaitre, on ne sait sur quels témoignages, que ce Théodemer ayant été condamne a périr par le glaive avec sa mère Askila, Clodion fut élu roi a sa place. Le surnom le chevelu, qui lui est resté, montre assez qu'il était membre de cette race chevelue que les francs avaient, dès le temps les plus reculés de leurs annales, placée a la tête des différentes peuplades de la ligue. Il habitait le château de Disprag, et s'empara de cambrai, puis de tout le pays situé entre le rhin et la somme.

Voici comment cette expédition est racontée par G de tours : << Il envoya ses éclaireurs... Ils revinrent, et rapportèrent que la gaule était la plus noble des régions, remplie de toute espèce de biens, plantée de forêts, d'arbres fruitiers, que c'était une terre fertile, propre a tout ce qui peut subvenir aux besoin des hommes. Animés par un tel récit, les francs prennent les armes, et , pour se venger des injures qu'ils avaient a souffrir de la part des romains, aiguisent leurs épées et leur cœurs. ils s'excitent les uns les autres par des défis et des moqueries a ne plus fuir devant les romains, mais a les exterminer....Le roi Clodion ayant donc envoyé ses coureurs jusqu'à la ville de cambrai, lui même passa bientôt après le rhin avec une grande armée. Entré dans la forêt charbonnière, il prit tournai, et de là s'avança jusqu'à cambrai. Il y résida quelque temps, et donna ordre que tous les romains qu'on trouverai fussent mis a mort par l'épée. Gardant cette ville, il s'avança plus loin, et s'empara du pays jusqu'à la somme...>>

Le comte Aëtius, général de l'armée romaine, repoussa Clodion vers les frontières du nord, mais le chef salien revient a la charge quelques années plus tard, et reprit tournai et cambrai. Aëtius et Majorien lui livrèrent une bataille près de Lens, et, l'ayant surpris au moment d'une grande fête que le roi donnait a l'occasion du mariage d'un de ses leudes (confère plus bas) lui enlevèrent son camp, taillèrent en pièces son armée, et le rejetèrent sur le rhin. Après ce revers, Clodion accepta les conditions d'un nouveau traité, et, en échange de quelques provinces dont il obtient la concession, s'engagea, au nom de sa tribu, à devenir auxiliaire de l'empire. Il resta, selon toute apparence, fidèle a cette alliance, et mourut vers l'an 447. >>



"Leudes:" /laetes/laeti : , aussi appelés Antrustions, fidèles, bénéficiers, parce qu'ils servent le roi en reconnaissance d'un don ou bénéfice.

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<< Mérovée ( Mère-wig, guerrier de la mer) aurait succédé a Clodion. On pense généralement que le nom de Mérovée n'est pas le sien, mais bien celui qui appartenait a toute la famille chevelue, dont il était membre. Les anciennes chroniques ont établi à ca sujet une confusion qui ne permet guère à la vérité de se faire jour. Quoi qu'il en soit, Mérovée aurait été roi de la tribu qu'avait gouverné Clodion.

G. De Tours nous apprend que de son temps plusieurs personnes affirmaient que Mérovée était, sinon le fils de Clodion, du moins de sa race.
Frédégaire est plus hardi, quoique vraisemblablement moins instruit, et il représente Mérovée comme fils de Clodion, ou d'un monstre de la mer, selon une fable de ce temps là populaire. Nous ne savons rien de lui, sinon que de son temps eut liue l'invasion d'Attila a travers les Gaules, et la défaite de ce conquérant dans les plaines catalauniques.

Les Romains et les Wisigoths, commandés les uns par Aëtius, les autre par leur roi Théodoric, avaient uni leurs forces pour repousser les Huns, sous leurs drapeaux marchaient plusieurs peuples barbares auxiliaires de Rome : Francs Saliens, des Ripuaires, des Bourguignons, des Saxons, des Sarmates, et d'autres encore. Attila, de son côté, trainait a sa suite des Bourgignons et des Francs, c'est à dire que diverses tribus de la ligue, celle des Bructères entre autres, avaient pris parti pour le roi des Huns. Les historiens des derniers siècles ont placé Mérovée à la tête des Francs qui combattaient pour Rome, nous ne voyons rien, dans nos annales, qui contredise cette prétention. Il est certain toutefois que le nom de Mérovée ne figure pas dans le récit que Jornandès nous a transmis de la défaite d'Attila, et nous ne nous hasarderons pas à suppléer à son silence. >>

Mérovée passe pour le père de Childéric Ier, ce dernier gouvernât en 457 les tribus franques qui avait été soumises à Mérovée et à Clodion. S'étant livré à une débauche effrénée, il outrageât les filles des grands, et fut chassé par son peuple, qui mit à sa place le comte Aegidius, chef de la milice romaine.
Pour ocmprendre cette révolution, i lfaut se faire une idée exacte de ce qu'étaient les francs à l'époque ou elle eut lieu. Depuis les traités conclus entre Clodion le chevelu et Aëtius, leurs tribus importantes avaient conservé des possessions assez étendues entre le rhin et la somme; mais, selon toute apparence, elles n'avaient acheté la paisible jouissance de ses anciennes conquêtes qu'en acceptant le patronage et pour ainsi dire la domination de Rome.
De toute la ligue des francs, il n'y avait guère que les Bructères qui eussent conservé leur indépendance germanique, les autres tribus, telles que les Ripuaires et les Saliens, avaient subi l'alliance de l'empire, et s'étaient engagées à le servir.

Les rois francs établis dans la gaule - belgique relevaient donc de Rome, et n'étaient que de simples chefs à la solde des empereurs. Dans cet état de choses, l'insurrection qui chassa le roi Childéric avait peut être été fomenté par les intrigues romaines, et ce qui le prouve, c'est que les nobles francs mirent à la place du prince mérovingien le général qui commandait la gaule au nom de l'empire. J'ajouterai que ce général, quoique soumis en apparence à Majorien et à ses successeurs, était parvenu à se créer une position indépendante, et qu'il administrait la gaule romaine comme s'il en eût été le roi. Nous voyons en effet que G. de Tours, qui avait étudié avec soin les évènements de ce siècle, donne au comte Aegidius le titre de roi des romains: ce fut à ce roi, dont la puissance a été mal déterminée par l"histoire, que les seigneurs francs, sans doute gagnés par son or et influencés par ses émissaires, transmirent le droit de leur commander.

Aegidius administrait les francs avec douceur et prudence, comme il en convenait à son pouvoir mal assis ou contesté. Nous entrevoyons difficilement les évènements qui se passaient alors, mais il est permis de croire qu'une partie considérable des francs subissaient avec peine et malgré eux la domination d'un général romain, des conspirations se tramèrent pour rendre la puissance au roi chevelu exilé, et Aegidius lui même donna sa confiance à des traitres qui devaient tôt ou tard pousser les francs à la révolte. C'est ce qui laisse entrevoir le récit suivant, exact au fond, quoique embelli de détails romanesques, que nous ont transmis les chroniqueurs de l'ère mérovingienne:

<< Wiomade, le plus fidèles des francs , n'abandonna pas Childéric, que dès son enfance il avait délivré de l'esclavage lorsque les huns l'emmenaient captif avec sa mère. Lorsqu'il reconnu que les francs conspiraient la mort de leur chef, il rompit avec Childéric une pièce d'or, et lui dit "Fuis en Thuringe, et restes y caché. Si je puis apaiser les francs, je t'enverrai la moitié de cette pièce d'or comme un signal, et si je ne puis y parvenir, en quelque part que tu portes tes pas, fais moi connaitre ta destinée. Quant le temps sera venu , tu recevra une demi-pièce d'or, et si, réunie à la tienne, elles formes ensemble un de nos sous, reviens dans ta patrie, tu le pourra sans crainte.>> Alors Childéric alla chercher asile chez Basin, roi de Thuringe.

Cependant les francs élisent à l" unanimité Aegidius pour roi, Aegidius leur nomme pour vice roi le même Wiomade, l'ami de Chilpéric. Mais cet homme lui donne alors le conseil d'imposer un tribu d'une pièce d'or à chaque franc, et le peuple paye sans résistance. Alors Wiomade s'adresse encore à Aegidius,et lui dit : << cette nation féroce, que tu as placé sous mes ordres, est trop peu imposée, elle est pleine d'orgueil : ordonne que le tribut de chaque franc s'élève à trois osus d'or. >> Aegidius se rend à cet avis, et les Francs consentent à payer ce nouvel impôt, en disant : << Il vaut mieux payer ces trois sous que d(être soumis ) la tyrannie de Childéric.>>

Alors Wiomade va trouver Aegidius, et lui dit : << Les francs se révoltent, tu n'apaisera leur audace qu'en envoyant à la mort un grand nombre d'entre eux>>.
Puis il envoie vers le roi cent des principaux de la nation,et Aegidius, selon le conseil de Wiomade, ordonne de les massacrer. Cependant Wiomade disait en secret aux francs : << les tributs que vous payez ne suffisent donc pas au roi? Jusques à quand soutiendrez vous ce m"chant pour lui livrer vos parents, qu'il égorge comme des bêtes de somme?>> Alors tous les francs lui répondaient : >> Si nous pouvions connaitre la retraite qu'a choisi Childéric, nous le rappellerions pour régner sur nous. C'est pour nous punir de notre conduite envers lui que tant de maux nous affligent>>. Wiomade, plein de joie, retourne vers Aegidius, et lui dit : << Maintenant la nation t'est parfaitement soumise.>> Alors il lui donne le conseil d'envoyer une mabassade à l'empereur d'Orient, et de remettre à cette députation cinquante mille sous d'or pour soudoyer quelques nations germaniques. Aegidius se rend à cet avis, et lui confie de fortes sommes, Wiomade les envoie par un affidé au roi Childéric, avec la moitié de la pièce brisée.

Childéric était à Constantinople lorsque les ambassadeurs y arrivèrent : là , par le conseil de Wiomade, plein d'une fureur jouée, il informa l'empereur des perfides projets d'Aegidius, qui voulait soulever les alliés de l'empire, et il dit à ce prince : << Envoyez votre serviteur dans les Gaules, je me ferai le ministre de votre fureur envers Aegidius>> L'empereur le charge de présents et l'envoie vers les Gaules. Wiomade, instruit de son retour, va au devant de lui au château de Bar, et, après plusieurs victoires remportées sur Aegidius, les francs reconaissent de nouveau pour leur roi Childéric.
Ce chef se signala ensuite par plusieurs expéditions contre les romains.
" Quoi qu'il en soit de cette légende, qui nous représente comme fort précaire la puissance des rois francs, et nous donne une idée assez exacte de leur dépendance vis à vis des empereurs, nos annalistes font régner Childéric jusqu'en l'année 481.
Les dernières années de sa vie furent employées à se défendre contre les Allamands et les Wisigoths. Dans ses diverses expéditions il agit tantôt de concert avec Aegidius, comme auxiliaire de Rome, tantôt pour soutenir ses propres querelles. Le roi Childéric avait épousé la reine Basine, femme adultère de Basin, roi de Thuringe, il en eut un fils qui régna après lui sur les francs Saliens, et qi fut le grand Chlodewig, principal fondateur de la monarchie française dans les Gaules.

Childéric résidait à Tournai. C'est auprès de cette ville, dans une prairie baignée par l'Escaut, le long de la levée ou grand chemin militaire, qu'il fut enseveli par les Francs. En 1633, le hasard fit découvrir son tombeau , on y trouva, avec ses cendres, de nombreuses pièces de monnaie d'or et d'argent frappées à l'effigie des empereurs d'orient, une tète de taureau, une framée, les ossements d'un cheval, un stylet de fer dans un étui d'or, une grande quantité d'abeilles en or dont la cotte d'armes du roi était semée (NDR: il n'en resterai plus que deux, les capétiens tardifs les ont bien dispatchées comme cadeaux , et les chefs d'état les ayant suivis aussi..) un vase d'agate, une boule de cristal, deux anneaux, au chaton desquels étaient gravées l'image et le nom de Childéric >>

L'empire d'Occident était depuis cinq ans tombé sous les coups des barbares, lorsque Chlodewig succédât, par droit d'élection, à son père Childéric Ier, roi des francs Saliens. Il était alors âgé de 17ans.
La souveraineté d'Odoacre, nouveau maitre de Rome, ne s'étendait pas au delà de l'Italie : la gaule était affranchie de la domination de Rome, nous avons fait connaitre à quelle sorte de conquérants elle appartenait : le roi des Romains, Syagrius, fils d'Aegidius, tenait encore sous son obéissance quelques provinces situées entre la Loire et la Somme. Une possession aussi précaire, un royaume de ce genre isolé et sans forces, ne pouvait devenir tôt ou tard proie des barbares campés sur ses frontières.
Il était en première ligne exposé aux agressions des francs, encore resserrés dans d'étroits domaines, et impatients de mettre à profit, pour doubler leur puissance, la faiblesse de leur anciens dominateurs.
Clovis, que l'empereur d'orient Zénon avait investi du titre de maitre de la milice romaine, dignité désormais inséparable de la lignée des rois francs, conçut le projet de disputer au patrice Syagrius les provinces gallo romaines que ce dernier gouvernait depuis la mort d'Aegidius.
La peuplade des Saliens pouvait à peine armer cinq à six milles hommes, mais d'autres tribus franques s'unirent à elle, et fournirent un nombre à peu près égal de combattants.
Syagrius résidait à Soissons. Son armée ne devait pas être plus forte que celel des francs : elle se composait en grande partie de vieux légionnaires recrutés pour la plupart dans les gaules et avides de paix, car c'était seulement hors des camps et de la vue du drapeau qu'ils pouvaient jouir avec calme des domaines dont les empereurs leur avaient accordés la jouissance, en dépouillant, en leur faveur, les anciens propriétaires.

Clovis marchât sur Soissons, et présentât à la bataille Syagrius. Les sauvages francs se précipitèrent en poussant de grands cris sur les légions. Leur étrange aspect, ces faces rendues plus terribles par de longues moustaches, ces cheveux relevés en crêtes sur le sommet de la tête et retombant comme une queue de cheval, ces corps demi nus, tatoués ou couverts de cicatrices, durent porter l'effroi parmi les soldats de Syagrius, qui depuis quelques années avaient perdu l'habitude de voir de près des barbares. La manière de combattre des francs n'était pas moins redoutable : ils lançaient de loin leur pesante framée à double fer, se jetaient ensuite sur leurs ennemis, perçaient les boucliers avec un harpon, et, attirant à eux les Romains ainsi prisonniers, les poignardaient sans peine.
Syagrius, voyant la déroute complète de ses légions, prit la fuite, et se réfugiât à Toulouse chez Alaric II, roi des Wisigoths. Clovis entrât en vainqueur dans Soissons, mais, inquiet de l'existence du roi des romains, il l'envoya réclamer impérieusement aux seigneurs wisigoths, qui, pendant la minorité du fils d'Euric, gouvernait son royaume. Ceux ci, effrayés, se hâtèrent de livrer Syagrius, qui eut la tête tranchée.

La bataille de Soissons livra à Clovis toute la gaule romaine. La crainte de a engeance exila les officiers et magistrats fidèles à l'empire, s'il en restait d'ailleurs qui conservassent à une cause vaincue sans retour un respect et une foi qu'elle n'avait jamais méritée dans les gaules.
Les débris des légions se dispersèrent ou se retirèrent dans quelques places voisines des bouches du rhin, abandonnant ainsi aux chefs des francs leurs riches possessions territoriales, qui furent réparties entre les vainqueurs : première trace des bénéfices militaires accordés par les rois de la dynastie mérovingienne.

Les gallo-romains ne résistèrent point à Chlodewigg. Pour une guerre nationale, il ne restait chez eux aucun élément de patriotisme, aucune puissance physique. Ceux qui furent chassés ou dépouillés n'osèrent ni se plaindre ni se venger, les écrivains de l'époque n'ont conservés aucun vestige des douleurs de la propriété gauloise, et des désordres qui suivirent une invasion à mains armées dans ses foyers.
Préoccupés des grands souvenirs qui se rattachaient à la conversion et à l'orthodoxie de Clovis, ils ont oubliés, en l'honneur de ces grands événements, de se plaindre des francs pillards et idolâtres, ils écrivaient d'ailleurs sous les soupçonneux successeurs de ce chef, et, au lieu de mentionner les calamités de la conquête, ils se bornaient à dire ce peu de mots à la louange des barbares: << En ce temps là, comme le nom des francs avait pénétré dans les gaules, un grand nombre de citoyens désiraient vivre sous leur empire>>.
La confédération armoricaine se montra plus attachée à l'indépendance du territoire, il reste peu de traces de sa résistance, mais elle fut vive et longue.
Il en fut de même pour les Sénonais, si l'on en juge par un passage du livre de G de Tours : cet historien dit qu'après avoir vaincu Syagrius, Clovis fit encore beaucoup de guerres et remportât beaucoup de victoires, jusqu'à la dixième année de son règne.
Cela doit évidement s'entendre des efforts de l'Armorique et des peuples de Sens. La ville de Paris résista pendant cinq ans aux barbares, et soutint leurs attaques avec un courageux patriotisme, qu'exaltait encore la crainte de tomber aux mains des idolâtres.
Quelques soldats ayant pillés l'église de Reims, saint Remy, évêque de cette ville, réclama un vase sacré très précieux. Clovis, quoique païen, ménageait les évêques et flattait la religion des gaules, afin de mieux se concilier ses peuples.
Il dit au messager : << Suis moi jusqu'à Soissons, parce que c'est là qu'on partagera tout le butin, et lorsque le sort m'aura donné ce vase, je ferai ce que me demande le pontife.>>
Arrivé à Soissons, le jeune roi pria les francs de lui accorder ce même vase, outre sa part du butin. Tous y consentirent, à l'exception d'un soldat qui, levant sa framée, en frappa la coupe sacrée, et dit à Clovis : << Tu ne recevra de ces dépouilles que ce que t'aura donné le sort.>>
Le vase fut néanmoins rendu, et Clovis dissimula son ressentiment.

Un an s'étant écoulé, le roi des francs passa la revue du champ de mars, et s'approcha du soldat qui avait frappé le vase.
Il lui reprocha le mauvais état de ses armes, lui arracha sa hache, et la jeta à terre. le soldat s'étant baissé pour la relever, Clovis, d'un coup de francisque, lui fendit la tête en disant : << Voila ce que tu fis au vase de Soissons.>>
Cette anecdote, dont on a exagéré l'importance, peut servir à faire connaitre les mœurs de cette époque, et le véritable pouvoir de la royauté au temps de Clovis.

Gondeuc, roi des Bourguignons (Burgondes), avait laissé quatre fils, Gondebaud, l'un d'eux, assassina son frère Chilpéric, et fit précipiter dans un puits sa veuve. Chilpéric avait deux fils, qui furent mis à mort, et deux filles, que le barbare laissa vivre. La cadette s'appelait Chrotechilde, ou, par une sorte d'abréviation, Clotilde : elle était chrétienne au milieu d'une cour arienne.

Clovis ayant entendu parler de la beauté de Clotilde, envoya auprès de cette jeune princesse, dont il désirait connaitre la volonté, le patrice Aurélien, Gaulois de naissance. la légende, dont l'authenticité" est contestée, nous apprend qu'Aurélien , déguisé en mendiant, se rendit aux portes de Genève, ou Clotilde, selon les lois de l'hospitalité, lavait les pieds des pèlerins. Il se fit reconnaitre, et dit : " le roi des Francs, mon seigneur, a entendu parler de ton éclatante beauté, il veut te prendre pour épouse : voici de sa part l'anneau et les dons nuptiaux."
Clotilde, troublée à ces paroles, réfléchit longtemps et répondit : " Salue le roi Chlodewig. Bien qu'une chrétienne ne doive pas épouser un idolâtre, cependant si telle est la volonté du dieu que je sers, que je confesse et que j'adore, je rends grâce à sa majesté divine, et je consentirai au mariage qu'il m'ordonne de contracter."
Cette réponse fut rapportée à Clovis, qui fit ouvertement demander en mariage la jeune Clotilde au roi Burgonde, son oncle et Gondebaud n'osât refuser.
Aurélien fut récompensé par le duché et le territoire de Melun, c'est le premier exemple d'un gaulois élevé par les conquérants au rang de leude ou de fidèle. la politique de Clovis lui ordonnait de traiter ainsi les vaincus.
Il était entré dans les dessins de dieu d'une jeune fille catholique, que l'église honore comme sainte, épousât le chef des conquérants idolâtres de la gaule romaine,. Clotilde comprit toute l'étendue de sa mission, et s'attacha à convertir son époux (+493)

La reine eut un fils, elle obtint à force de prières que l'enfant soit baptisé, et Clovis y consentit. Le nouveau-né reçut le nom d'Ingomir, mais, quelques temps après son baptême, il mourut. Clovis fut vivement irrité contre Clotilde, et attribua ce malheur à la vengeance des dieux du Nord, jaloux du triomphe de J.C.
L'année suivante, Clotilde eut un autre enfant, nommé Clodomir. Clovis consentit encore, mais à regret, à ce qu'il reçût le sacrement qui fait les chrétiens, mais l'enfant tomba gravement malade, et le roi renouvelai ses reproches, lorsque les supplications de Clotilde obtinrent de Dieu la guérison de l'enfant. Mais, pour révéler la puissance du vrai Dieu et la sainteté de la foi chrétienne, il fallait que les yeux de Clovis fussent ouverts à la lumière par un grand miracle.

Dix ans après l'invasion des francs dans les Gaules, Sigebert, roi des ripuaires de Cologne, appela à son secours la confédération des Francs dont Clovis était le chef, et son appel ne fut pas inutile. Clovis marcha contre les barbares,et les rencontra à Tolbiac (Zulpich); d'autres disent à Strasbourg. La victoire penchait pour les germains, et les Francs perdaient du terrain, lorsque le patrice Aurélien, témoin du désastre de Clovis, s'approcha de ce chef, et lui conseilla d'invoquer le dieu des chrétiens. En ce moment, l'âme du Roi des francs fut comme illuminée par le rayon de la vérité, il éleva les mains vers le ciel, et s'écria: << Jésus-Christ, que Clotilde affirme être le fils du dieu vivant, toi qui, dit-on, donnes du secours à ceux qui sont en danger, et accordes la victoire à ceux qui espèrent en ton nom, je te demande avec dévotion ton glorieux secours. Si tu m donnes de vaincre ces ennemis, et si j'éprouve l'effet de cette puissance que le peuple dévoué à ton culte publie avoir éprouvée, je croirai en toi, et je me ferai baptiser, car j'ai invoqué mes dieux, mais, comme j'en ai la preuve, ils m'ont refusé leur appui...>>
Il parlait encore, mais les Allemands tournant le dos commencèrent à prendre la fuite, et Clovis, comme Constantin, triompha par la croix.

Clovis, de retour dans ses états, se fit instruire par st Rémy, et le m^me jour, lui, ses deux sœurs, et plus de trois mille de ses guerriers, embrassèrent la foi catholique. Au moment ou le roi barbare allait recevoir l'eau sainte, l'évêque lui adressa ces paroles : << Courbes la tête, doux Sicambre, : adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré.>>
Dès ce moment une ère nouvelle s'ouvrit pour les peuples teutoniques, qui venaient d'envahir la Gaule romaine : de tribus nomades elles prirent rang parmi les nations puissantes....

Chef d'une société sauvage, et sauvage comme elle, il n'eut pas le pouvoir de la dominer et de la civiliser, il n'en eut même pas la pensée, car d'où lui serait-elle venue? Quelque fort qu'il soit par son propre génie, son peuple le domine et l'entraine. S'il fonde une monarchie, c'est que la grande migration des barbares touche à son terme, et que chaque peuple sent le besoin de s'arrêter. Un siècle plus tôt, Clovis n'eut été qu'un chef de horde, uniquement préoccupé de pillage, un siècle plus tard, il se fût vainement consumé à lutter contre les maires. Il suivit l'impulsion, et parut la diriger : seul prince catholique à une époque ou la majorité orthodoxe luttait contre une minorité d'ariens assise au pouvoir, il attira sur ses efforts et sur sa cause les bééndictions de la religion opprimée, et quant cette religion prévalut, elle le fit vaincre par elle et avec elle.

Après la mort de Clovis, ses quatre fils partagèrent entre eux ses domaines et ses conquêtes, en cela, ils se conformèrent aux coutumes germaniques; le consentement des francs dut être nécessaire pour valider ce partage. le meurtre de tous les membres de la race chevelue ne laissait subsister de cette ancienne famille que les quatre fils de Clovis, les tribus franques disséminées sur le vaste territoire gaulois les reconnurent pour rois. [...]

Le royaume de Metz fut appelé Ooster-Riich, et par là on en fit Austrasie.
C'est la portion des gaules située entre la Meuse, la Loire et l'Océan qui fut nommée Wester-Riich, ou Nova Westria.
les autres grandes divisions du territoire conservèrent encore longtemps leurs noms d'Aquitaine et de Bourgogne.
Les premières années de règne des fils de Clovis ne furent signalées par aucun évènement digne d'intérêt. Sainte Clotilde contribua à maintenir entre les quatre rois la paix et le calme qui semblaient étrangers aux mœurs des francs.
Quatre ans après la mort de Clovis, les pirates du dannemark abordèrent à l'embouchure de la Meuse, remontèrent ce fleuve, et ravagèrent une partie de l'Osterriich. Thierry, roi de Metz, envoya contre eux une armée conduite par son jeune fils Théodebert.
Les danois furent taillés en pièces, et Théodebert tua de sa main leur roi Clochilaïc.
Thierry réunit ensuite à son royaume la Thurringe, grand état germanique, pour y arriver il fit périr par trahison son roi Hermannfred/Hermannfroy.

Les rois de Paris, d'Orléans et de Soissons partirent en guerre contre Sigismond des Bourgignons, et le vainquirent.
Ce dernier se fit ermite, mais le Roi d'Orléans le retrouvât, et le fit précipiter dans un puits, lui, sa femme et ses enfants.
Godemar, frère de Sigismond, leva une armée, et chassa celles de Clodemir. L'année suivant, le roi d'Orléans recommençât la guerre, mais il y trouvât la mort, sa tête fut mise sur une pique, ce qui rendit fous furieux les francs. Godemar fut vaincu, et les francs ravagèrent hideusement les terres.
Godemar revint encore à la charge, et repoussât une nouvelle fois les francs...

En ce qui concerne Thierry, après avoir annexé la Thurringe, ils demandât une entrevue à son frère Clotaire, roi de Soissons, pour l'assassiner.
Mais l'affaire fut découverte, et la perfidie ne troublât point l'harmonie entre les deux frères.
Clotaire épousat la nièce de l'ancien roi de Thurringe, Radegonde.

La soeur de ces Rois, Clothildes II, était mariée au roi Wisigoth, arien; qui la traitait fort mal. Elle mandat ses frères, qui virent en guerre vers Narbonne.
Childebert ramena sa sœur en gaule, mais elle mourut sur le chemin.
Le Roi de Metz eut à se venger d'une révolte des Arvernes, et ses frères de Soissons et paris réinvestirent la Bourgogne. Thierry refusât de se joindre à eux, et ses francs le menacèrent. Il décidât donc d'aller écraser les arvernes.
Godemar fut vaincu...


Clodemir, tué en bataille, avait laissé trois fils en bas âge; ceux ci, dépouillés par leurs oncles, grandissaient sous la tutelle de leur aïeule Clothilde, mais leurs oncles les prirent en leur posséssion, et demandèrent à leur mère, femme de Clovis : "devons nous choisir le poignard ou les ciseaux?" Soit ils mourraient, soit ils étaient bannis de leur race par perte des cheveux... (et donc de leur pouvoir de régner plus tard) Les deux ainés périrent de la main de Clotaire, et le cadet sur tondu, et embrassa une carrière religieuse.