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 Yukio Mishima

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MessageSujet: Yukio Mishima   Yukio Mishima Icon_minitimeSam 12 Juin 2010 - 0:45

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Puisque en ce moment, le Japon semble intéresser, j'ai pensé à vous en apprendre plus sur son plus célèbre écrivain de l'après-guerre, Kimitake Hiraoka, alias Yukio Mishima. Derrière ce pseudonyme se cachait l'un des auteurs les plus curieux et les plus contreversés de notre siècle à n'en pas douter. Son engagement politique a fait scandale au Japon, tandis que son homosexualité refoulée (il s'est marié et a eu deux enfants avec sa femme) a fait débat, mais sa mort a bouleversé le pays : le 25 novembre 1970, Mishima infiltre la principale base militaire du japon avec des membres de sa milice secrète, la société du bouclier (Tatenokai). Il prend en otage le chef d'etat-major japonais, convoque les officiers de la base. S'adressant à eux depuis le balcon, Mishima les exhorter à la rebellion, afin de restaurer le pouvoir de l'empereur, de défendre un Japon fort et traditionnel, et de mettre fin à la constitution issue de l'après-guerre. Aucun officier ne le suit. Suite à ce coup "don quichottesque", Mishima se replier avec ses acolytes. Selon l'antique tradition des samourais, il commence à écrire des vers, puis il se suicide en se faisant seppuku : il se perce lentement l'abdomen avec un sabre court (Wakizashi). Afin d'abréger ses souffrances (selon la tradition, cet acte était autorisé mais considéré moins noble que le vrai seppuku), un de ses lieutenants le décapite. Morita, un de ses compagnons se suicide aussi. Je ne vais pas vous raconter en détail la vie pour le moins singulière de cet auteur, puisque ces videos s'en chargeront très bien, mais parler du mythe mishima est de son oeuvre.











Comme il se doit l'homme est contreversé. Son nationalisme exacerbé ne transparait pas nécessairement dans son oeuvre pourtant. Une entorse pourrait être la nouvelle "patriotisme" qui traite du suicide d'un officier dans les années 30. Pourtant, ce travail n'est pas une oeuvre patriotique. Il se concentre exclusivement sur le privé, le personnel, ce qui contredit toute idée nationale dans un pays ou le groupe prime l'individu. Loin d'une débauche outrancière de nationalisme, il s'agit toutefois d'une défense d'"une certaine idée du japon". Mishima exalte les traditions de son pays, en prenant bien soin de donner à chaque rite nippon une esthétique singulière. Le seppuku du lieutenant dans la nouvelle prend même une dimension encore plus importante puisqu'à cela s'ajoute l'élément personnel : l'auteur met en scène son propre suicide, il soigne ainsi particulièrement sa nouvelle et le film tiré de celle-ci comme si il répétait son futur geste.

Pourtant, il serait faux de comprendre Mishima comme une simple traditionnaliste au style pur et raffiné mais aux objectifs clairs. En réalité, son oeuvre semble remplie de contradictions : elle mêle des éléments traditionnels japonais, et des codes purement occidentaux (notamment dans ses romans, tandis que ses pièces ont pour but de se rapprocher des formes antiques de theatre japonais). Sa gestion du récit, le développement intense de la psychologie des personnages rappelle nettement les auteurs occidentaux du XIXe s (notamment Dostoievski, Tolstoi, ou Stendhal, ), mais il insère cette psychologie dans un cadre assez large, qui se compose d'alternances entre introspection et contemplation (quelque chose de très ancré dans le caractère japonais). Il sait également utiliser avec force des symboles, des allégories pourtant très simples, insérant parfois une dose de fantastique déguisé dans ses écrits. Dans "le pavillon d'or", cela prend la forme du dit pavillon, allégorie parfaite de la beauté (non tant par son architecture elle même que par la puissance de l'idée de ce pavillon dans l'esprit du narrateur, obsédé par ce monument dont son père n'a eu de cesse de parler au cours de son enfance). Ce narrateur représente parfaitement la tension qui hante mishima : il est égocentrique, persuadé de sa différence et parfois de sa supériorité, mais à chaque moment important de sa vie, le pavillon d'or lui apparaît et le met au-devant de sa propre laideur, qui prend plusieurs formes (il est laid physiquement, bègue, égocentrique, ne parvient pas à faire preuve d'empathie ou de réel amour). On peut connecter cela à un aspect important de la vie de l'écrivain : fasciné par le corps, et par la beauté, lui-même était petit et laid. Et il était obsédé par certaines images du corps humains : les statues grecques ou le tableau du martyr de saint Sébastien (ou un éphèbe nu est percé de traits). Alors, des années durant, il a développé son corps au point de se créer une musculature impressionnante (et ceci fait, il se fit prendre un photo). Naturellement, cette fascination pour le corps de l'homme allait de paire avec son mépris de la féminisation de la société, et son homosexualité refoulée, dont il parle dans "confession d'un masque".

Ce dernier roman, autobiographique, mêle ses tourments personnels et des faits parfaitement sociaux, puisque l'histoire se déroule dans le japon de son époque (cad années 40). Elle traite d'un jeune homosexuel qui affronte les préjugés de son temps, et doit se créer un masque pour se protéger de la société nippone et se débarrasser de ses propres aspirations coupables (il semble ainsi tomber amoureux d'une fille à un moment). En réalité, ses écrits ne sont certainement pas des monstres d'abstraction, ou de la poésie s'élevant au-dessus du monde des mortels. Le narrateur y est constamment un observateur de la société dans laquelle il vit. La critique de celle-ci est d'ailleurs un thème très présent chez Mishima, que ce soit par des faits assez sordides (dans "le pavillon d'or" les moines bouddhistes qui sortent avec des prostitués par exemple) ou plus généralement par des situations absurdes : le héros, au caractère si personnel et fascinant, qui est poussé au désespoir par les ressorts de la société dans laquelle il vit.

Sa dernière "saga", la mer de la fertilité nous est souvent présenté comme son oeuvre testamentaire. Elle semble en quelque sorte une synthèse de son oeuvre, tout en ajoutant à celle-ci quelques éléments disctincts. Mishima a en effet écris ces livres alors qu'il avait entamé son tournant ultra-nationaliste et qu'il préparait son coup et son suicide. Ces romans ont donc un volet social plus large et surtout plus flagrant que toutes ses oeuvres précédentes : le thème majeur étant l'impact de l'occidentalisme (inspiration de cette occident qu'il admirait, mais qu'il repoussait dans le même temps) sur la société japonaise à partir de l'ère Meiji. Mais là encore, les éléments personnels, esthétiques voire les thèmes transcendantaux ne sont pas absents et sont au contraire plus présents que jamais, puisque on y aborde le sujet (récurrent) des quêtes et malaises personnels et celui plus inattendu de la réincarnation.

Ces quelques romans ne constituent qu'une petite partie de son oeuvre, et notamment une de ses composantes les plus importantes : les pièces de theatre traditionnelles qui étaient, dit-on, plus appréciées que ses romans dans son pays. Néanmoins, la complexité de la pensée de mishima parait très nettement dans ses romans, oeuvres d'un styliste remarquable, mais aussi d'un auteur tourmenté, et en proie à des fantasmes divers et puissants.


Dernière édition par Louis le Roy le Sam 12 Juin 2010 - 11:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Yukio Mishima   Yukio Mishima Icon_minitimeSam 12 Juin 2010 - 6:23

0 ouais e mec là il a de l'honneur
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ED76
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MessageSujet: Re: Yukio Mishima   Yukio Mishima Icon_minitimeJeu 30 Sep 2010 - 17:54

Tu oublies de préciser qu'il est le plus grand écrivain japonais du XXe siècle en France , il doit sa notoriété ici , pour une bonne part à l'admiration que lui portait Marguerite Yourcenar .
Dans l'archipel nippon cet engouement européen surprend , là bas on se souvient de lui surtout pour sa tentative de coup d'état .
Si on demande à un japonais quel est le grand écrivain national du 20e , presque certainement sa réponse sera Kawabata .
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MessageSujet: Re: Yukio Mishima   Yukio Mishima Icon_minitimeJeu 30 Sep 2010 - 19:28

Ou Soseki Natsume.

Mais ne sous-estimons pas le phénomène Mishima. Aujourd'hui son oeuvre est moins connue car il s'agit un peu d'un tabou. Mais à son époque, il était très populaire, et beaucoup plus visible que Kawabata (production plus abondante et variée + apparition au cinéma + médiatisation). Mais à l'époque, ce qui faisait la différence entre Mishima et les autres, outre son engagement politique, c'était son oeuvre de dramaturge, plus appréciée d'ailleurs que ses romans.
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Hannibal Barca
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MessageSujet: Re: Yukio Mishima   Yukio Mishima Icon_minitimeJeu 30 Sep 2010 - 19:53

C'est un article intéressant. J'étais tombé sur sa page Wikipédia sans faire exprès, et il apparait bien être un auteur particulier pour les français. On a beaucoup parlé et pensé sur son coup d'état raté. L'une des thèses, qui est à la fois convaincante et intéressante, voudrait que Mishima n'ai jamais réellement pensé voir son coup d'état aboutir. C'aurait davantage été une forme de suicide par police interposée. En clair une forme de suicide moins difficile que le suicide classique, puisque l'acte précédant le suicide impose le meurtre de soi-même sans plus aucun choix (il aurait été tué par l'intervention armée ou aurait passé tout le restant de ses jours en prison). Dans un sens on "utilise" l'Autre pour se tuer soi. Cela dit, on remarque aussi une certaine forme d'ésthétisation du suicide dans son acte : la lutte pour ses convictions, l'appel aux valeurs ancestrales, le seppuku.
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MessageSujet: Re: Yukio Mishima   Yukio Mishima Icon_minitime

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