John Ronald Reuel Tolkien

Biographie

JRR Tolkien est né en 1892 à Bloemfontein en Afrique du sud dans une famille anglaise d'origine allemande saxonne (XVIIIe s). Il est très tôt marqué par sa mort, issue d'une famille baptiste qui a mal vécu sa conversion au catholicisme. Pour Tolkien, sa mort précoce en 1904 est celle d'une sainte et en fait une martyre. Tolkien reçoit naturellement une stricte éducation chrétienne. En 1908, alors qu'il a 16 ans, il rencontre Edith Bratt âgée de 19 ans, issue d'une famille protestante. Elle finira par se convertir afin de se marier. En 1911, au King Edward's college, Tolkien et trois amis créent le Tea Club Barrovian Society.

En 1914, il est volontaire à l'entrée en guerre et devient sous-lieutenant dans l'armée britannique et part au combat en 1916. Tolkien participe à la bataille de la Somme où la plupart de ses amis (dont deux membres du TCBS) sont tués. L'expérience des tranchées le marquera durablement et lui inspire ses premiers contes, dont la chute de Gondolin, qui sera intégré au cycle des contes perdus puis à celui du Silmarillion. C'est aussi en 1917 que nait son premier fils JFR Tolkien qui sera suivi des trois autres enfants.

Après la guerre, Tolkien devient professeur de littérature anglaise à l'université de Leeds avant de rejoindre Oxford en 1925. Là, il se met à écrire Bilbo le Hobbit (qui parait en 1937) et les premiers volumes du seigneur des anneaux.

Le lieutenant Tolkien


La maison de Tolkien à oxford (20 northmoor road) période 1930-1947



Tolkien est un brillant professeur de philologie (étude des langues), discipline qu'il aborde notamment par le biais de la mythologie. Il est surtout passionné par les mythes scandinaves et germaniques, notamment le poème saxon "beowulf". Il est un adepte convaincu de la théorie des origines fondamentalement saxonnes et germaniques de l'angleterre. Bien que fin connaisseur des mythes celtes, il ne leur porte que peu d'intérêt cependant. Il a appris des langues aussi bien récentes qu'éteintes comme l'anglais, le vieil anglais, le moyen anglais, le latin, le français, l'allemand, le gotique, le grec ancien, le vieux norrois, le finnois, le gallois ou même le neerlandais. Il a des connaissances plus ou moins étendues dans bien d'autres langues comme le russe, le vieux slave, le lituanien, le moyen neerlandais, le proto-germanique etc. Surtout, loin de se cantonner à la linguistique pure, Tolkien analyse la poétique des textes qu'il étudie.

C'est dans les années 30 qu'il fait la connaissance de son grand ami CS Lewis au sein de leur club littéraire des "Inklings". Tolkien influence le retour à la religion de son ami, mais est déçu lorsque celui-ci choisit la confession anglicane plutôt que catholique.

Il ne connait pas de service durant la seconde guerre mondiale, bien qu'il ait un temps été pressenti pour intégrer les services secrets britanniques comme briseur de code. Mais il se fait remarqué en prenant position pour Franco (motivé par les massacres de prêtres commis par les républicaines), contre le nazisme, conte la récupération des mythes germaniques par les allemands, contre l'antisémitisme, mais aussi les bombardements des villes allemandes et japonaises.

Après la guerre, Tolkien achève le seigneur des anneaux, en 1948, et l'oeuvre est publiée en 1955. Il prend sa retraite d'universitaire en 1959. Dans son discours de sortie, il condamne publiquement l'apartheid.

résidence de Tolkien de 1953 à 1968 :


L'énorme succès du seigneur des anneaux (il est le 11eme livre le plus vendu de l'histoire. Les premiers étant, dans l'ordre, la Bible, le livre rouge de mao et le Coran) lui assure le confort matériel mais il n'améliore pas son niveau de vie, conservant un train de vie modeste et généreux. D'abord enthousiasmé par son succès, il aime à répondre à chacune des lettres de fans qu'il reçoit sur son oeuvre. Mais très rapidement, la pression est trop forte et il retire son nom del 'annuaire. Enfin dans les dernières années de sa vie, il déménage dans une belle résidence à Bornemouth et se consacre à l'écriture du Silmarillion. En 1972, il est nommé officier de l'ordre de l'empire britannique. En 1971, Edith Tolkien meurt. Sur sa tombe, JRR fait inscrire "Luthién" du nom d'un de ses fameux personnages. Lui même meurt en 1973 et l'inscription "Beren" (le grand amour de Luthién Tinuviel) est gravée sur sa tombe.

De nombreux écrits seront publiés de manière posthume grâce à son fils Christopher, notamment "le Silmarillion", "contes et légendes inachevées" ou les "contes perdues "puis récemment "les enfants du Hurin"".

J'ai vu le titre j'ai accourut.

A suivre très prochainement : les vues, les influences, les thèmes, l'oeuvre en général.

Petite précision Luthien était une elfe et Beren un humains, ce sont les fondateurs de la ligné des demi elfes, dont Elrond et son frère Elros sont déscendant. Elrond choisi de rester avec les Elfes tandis que Elros vécu avec les humains, Aragorn est le déscendant d'Elros.


EDIT : Luthien est l'une des rares personnes à avoir vaincu Sauron, elle a aussi endormi la vigilance de Morgoth en chantant pendant que Beren volait un Silmaril. enfin, je vais pas spoil toute l'histoire et ses détails.

Donc, Tolkien a certainement volé une bouboule magique. Ca lui a sûrement révélé comment écrire le Seigneur des Anneaux.

Y'a un truc qui est pas rappelé dans l'article, et c'est dommage ; ses études de linguistique l'ont énormément aidé pour créer une langue de A à Z avec ses règles de grammaire, ses conjugaisons et tout.

Les palantir?

Mince, j'ai confondu palantir et silmaril. Bon, on va faire comme si j'avais rien dit (mais je reste persuadé que Tolkien a reçu la révélation de son oeuvre dans un palantir volé !)

Influences

Les influences do Tolkien sont multiples. D'une manière générale, les deux plus importantes sont la mythologie germanique et scandinave, et la religion catholique. En effet, homme d'une foi considérable, l'auteur a longtemps laissé ses croyances religieuses pénétrées son oeuvre (parfois inconsciemment). On retrouve ainsi des thèmes fréquents, parfois banals comme l'humilité, la solidarité, la dévotion etc. mais aussi le schéma général de l'oeuvre. En effet, le mal est omniprésent, et il résulte de la corruption par l'ambition ou la peur (c'est ainsi que Morgoth corrompt Sauron, que Sauron corrompt Ar-Pharazon le doré). Les hommes eux-mêmes sont victimes de leur" péché originel qui est la trahison de l'alliance avec les elfes lors de la bataille des larmes innombrables. Ainsi, chez Tolkien, le mal est marqué par une absence de sensibilité au bien et de souhait et par la corruption. Les êtres ne sont pas mauvais à l'origine, mais ils sont tous marqués par une propension à céder à la corruption et à la colère. Les hommes, mais aussi les elfes tels Feanör qui a tué ses congénères pour poursuivre Morgoth. Par ailleurs, la création d'Arda par Eru Lluvatar semble bien proche de la génèse biblique avec une création planifiée et bien agencée. On retrouve un autre élément religieux et chrétien (mais très proche de l'orthodoxie, plus que du christianisme occidental) : la dimension expiatoire. Certains êtres sont condamnés à la souffrance, mais ils sont pardonnés de leurs fautes. C'est ainsi le cas de Turin Turambar, souffrant de la mort successive (et souvent de sa main, par mégarde ou impulsion) de ses proches, qui a un destin exceptionnel parmi les hommes (dans les "contes perdus", mais pas dans le "silmarillion") ou de Beren et Tinuviel. Autre thème qu'il jugeait très "catholique", celui du libre-arbitre, omniprésent dans son oeuvre. Ainsi, le grand combat de Frodon est bien celui-là : toujours préserver son libre-arbitre face à la volonté maléfique de Sauron.

L'autre grande influence sur Tolkien est celle de la mythologie germanique dont il disait qu'elle avait atteint sa plus parfaite expression dans l'angleterre des royaumes anglo-saxons. Il redigea notamment une étude de référence sur le poème "Beowulf". On fait également souvent le rapprochement avec l'opéra de Wagner l'"anneau de Nibelungen", inspiré des légendes nordiques. Il s'inspira aussi du récit finnois Kalevala, où l'histoire tourne autout du sampo, un objet magique convoité par les forces du bien, et celles du mal, qui accorde de grands pouvoirs à son propriétaire. Tolkien a aussi largement utilisé le bestiaire germanique : les elfes, les nains, les trolls etc. On a également essayé de rapprocher cela d'une influence celtique, mais l'auteur l'a considérablement minimisé, avouant son peu de goût pour les mythes celtiques. Néanmoins, on a fait un rapprochement entre les Noldors (elfes en exil) et les Tuatha Dé Danann . Quant au sindarin (un des langages inventés par Tolkien), il est inspiré du gallois. Le monde des hommes est aussi largement influencé de divers mythes : Numenor évoque immédiatement l'atlantide. Dans le même temps, on a noté de grandes similarités entre les hommes du Rohan, et les peuples germaniques, notamment les saxons (au niveau de la langue, des modes de vie, de l'esprit guerrier, des mythes et des poèmes). Une petite différence cependant : les angles et les saxons (comme les Francs et contrairement aux Goths) combattaient essentiellement à pieds. Une théorie commune veut que Tolkien aurait voulu ainsi créer les anglo-saxons tel qu'il aurait aimé les voir combattre, mettant la défaite de Hastings contre les Normands (selon lui, un cataclysme qui a empêché à la mythologie germanique de connaître son envol) sur le compte de la cavalerie de ces derniers.

On peut ajouter à cela des influences plus personnelles : la guerre par exemple. Loin d'être sans cesse héroïque, la guerre dans son oeuvre a un aspect terrible, avec des soldats frappés de peur (face aux nazgûls notamment), des mutilations, des destructions etc. Cela apparaît distinctement dans ses différents récits sur la chute de Gondolin, particulièrement celui des "contes perdus" (qui est bien plus précis que celui du "silmarillion"). Tolkien avait rédigé ce passage lors de la première guerre mondiale, où il avait ressenti toute l'impuissance du soldat face à des forces qui le dépassaient comme les avions, l'artillerie etc. La chute de Gondolin semble presque un évènement apocalyptique. Quant à l'influence de l'industrialisation (qu'il désapprouvait fortement) sur l'oeuvre de tolkien, j'aurais l'occasion de revenir dessus.

Des cavaliers du Rohan (Rohirrims ou eorlingas) selon le film de PJ :



Une scène de la chute de Gondolin :



Une illustration de Odin en vagabond (principal dieu scandinave qui a inspiré le personnage de Gandalf) et de Gandalf :

A titre complétive, Ar-Pharazon était le roi des Numénoriens. Qui s'est détourné des Valar pour se consacrer à Morgoth. Il est responsable de la chute du Numenor, l'ile fut coulé, les gens resté fidèle aux Valars eux ont eux la vie sauf et ont rejoint la terre du milieu, créant deux royaumes, le Gondor et l'Arnor.

Les Thèmes

Les oeuvres de Tolkien ne correspondent pas au canon du bon roman moderne : la psychologie des personnages est peu développée, le suspens n'est pas insoutenable, il n'y a pas de grand renversement, de situation, d'acrobaties scénaristiques etc. Et pourtant elles fascinent toujours autant. Le but de l'auteur était de bâtir une mythologie. Dans un monde quelque peu désenchanté, une production littéraire axé essentiellement sur la poésie, le conte ou l'épopée a trouvé preneur. En réalité, l'oeuvre de Tolkien est riche et très actuelle, mais au sens de Tolkien. C'est-à-dire que les questions centrales se retrouvent tout au long de l'histoire.

Tout d'abord le mal. L'oeuvre de Tolkien est-elle manichéenne ? Le manichéisme est souvent utilisé par les relativistes pour discréditer ceux qui ne partagent pas leur position. Certes, Tolkien part du postulat que le bien et le mal existent. Mais il ne fait pas une oeuvre simpliste ou les bons (intrinsèquement bons) sont opposés aux méchants. Ce qui selon moi fait l'oeuvre simpliste de ce point de vue, c'est que les méchants le sont intrinsèquement. Or ce n'est pas le cas. Tolkien met en scène des personnages qui ont toujours été confronté à des choix, qui ont choisi leur voie. Melko a de suite essayé de troubler la musique d'Eru, de son plein gré. Sauron a été corrompu séduit par la puissance de Morgoth. Mais même Feanor succombe et se met à tuer les siens... Au fond, bien peu d'êtres sont irréprochables. Certains sont néanmoins plus lucides et tempérés que d'autres. Ainsi chez Tolkien, seul la mesure, la maitrise de soi et la lucidité permettent de ne pas succomber au mal : c'est ce qui différencie l'impatient et flamboyant Boromir de son frère, sage, humble et modeste.

Un autre thème récurrent : la liberté. Chaque être en est pourvu. Il n'y a pas, comme chez Homère, un destin qui est invincible (dans l'Iliade, le destin est même supérieur à la volonté des Dieux). Le miroir de Galadriel en est la preuve : il annonce apparemment l'avenir, et pourtant ce qu'il montre n'advient pas forcément. Car ce sont les choix des différents acteurs qui dictent les évènements. A l'inverse, l'absence de libre-arbitre est une des expressions du mal. Les êtres corrompus ou frappés de folie ne peuvent plus choisir selon leur coeur. Denethor a vu le seigneur des ténèbres dans toute sa puissance. Il en a été désespéré et ce désespoir l'a privé de libre-arbitre : sans cesse obsédé par la force de son ennemi, il a crut n'avoir le choix qu'entre la mort "plus tôt" ou "plus tard". Le désespoir, l'ambition, la peur etc. privent potentiellement les acteurs de libre-arbitre, si ils n'arrivent pas à surmonter ces émotions. Là encore, l'oeuvre de Tolkien semble valoriser une certaine modération. Les personnages les plus vertueux marquent par la mesure de leurs émotions. Ils se comportent pudiquement, et ne perdent jamais réellement la maitrise d'eux mêmes (même si les larmes ne sont pas rares). L'influence de la religion et de la philosophie occidentale (Aristote et la médiété a certainement eu un impact sur cet aspect de l'oeuvre. Certains ont crût voir poindre dans l'oeuvre de tolkien l'expression d'un anarchisme de droite. Ce serait beaucoup s'avancer même si Tolkien aurait déclaré quelque chose dessus, mais je ne vais pas baser mon analyse sur de la politique.

Plus prosaïque certainement, la vision qu'a Tolkien de la modernité. En effet, l'auteur a grandit dans le monde de la "merry england" ou de l'"angleterre verte". Si l'architecture d'Oxford fait très XIXe s, la ville a conservé une quiétude et une atmosphère proche de l'angleterre pré-industrielle ("merry england" désigne la nostalgie de cette angleterre). Il a ensuite été confronté à l'angleterre noire de l'industrie, de la misère etc. Tolkien restait très critique de la course à la modernité et se déplaçait à vélo. Il ne refutait pas la modernité. Après tout, celle-ci était un moyen d'améliorer la vie des gens souvent : par les progrès dans la médecine etc. En revanche, il se méfiait de tout ce qui pouvait selon lui introduire un confort matériel et superficiel, au détriment de cette nature, symbole même de la permanence. En effet, le seigneur des anneaux est l'oeuvre qui en témoigne le mieux : elle est la plus détaillée. Si le Silmarillion est un ensemble de récits légendaires, dans son roman le plus connu, Tolkien s'attache à mettre en scène les modes de vie des habitants de la terre du milieu. La force des modes de vie traditionnels est évidente : les fêtes de la comté, les chevauchées des Rohirrims, les chants, les lais, les rites etc. Le tout étroitement lié à cette nature, qui est préservée comme le plus vieux des trésors sur terre : après tout, les Ents, ces sortes d'arbres vivants (même si ils maintiennent qu'ils ne sont pas des arbres) sont les êtres les plus vieux de la terre du milieu. Et leur forêt est restée inébranlable durant des millénaires jusqu'à ce que Saroumane le corrompu n'essaie de la détruire pour son industrie. Et c'est bien lui qui finit par s'écrouler. C'est ce même Saroumane qui dénature la comté à la fin du roman en coupant des arbres, en installant ses établissements. Pour Tolkien, ce non respect total de la nature est une abomination et ne saurait constituer un progrès. Loin des écolos lourdingues d'aujourd'hui, il s'attache à défendre cette nature en exposant ce qui fait sa grandeur et sa beauté, en la mettant en scène, en rendant compte de sa vie et de l'effet qu'elle produit sur chacun des personnages.


Pour autant, Tolkien ne tombe pas dans le piège d'un âge d'or. Certes, il décrit les temps premiers comme extrêmement harmonieux et beaux, avant que l'haleine putride de l'ambition vorace de Melko ne sème les germes de la destruction au coeur d'Arda. Mais dans le même temps, cette obsession pour le passé, ce passéisme est aussi critiqué par l'auteur. Ainsi, les Elfes Noldors qui semblent se complaire dans cette contemplation du passé finissent par partir, laissant la terre du milieu à la volonté des hommes. Les hommes relèvent pourtant souvent du même grief. C'est le cas des hommes du Gondor qui à force de "chérir leur ascendance plus que leurs enfants" finissent par connaître un lent déclin. Ainsi, Tolkien fait encore la promotion d'un juste milieu entre le passéisme et l'abandon systématique du passé. En réalité, il s'agit chez lui davantage de promouvoir la continuité et une évolution naturelle et juste que le simple passé. Il faut tout simplement partir du constat que les deux derniers siècles ont été sur bien des points une rupture sur les plans économiques et sociaux. Je n'ai pas vraiment beaucoup à développer mais l'Angleterre des années 50-60 connaît d'incroyables changements puisque toutes les traditions jugées trop guindées ou rétrogrades sont défiées par une jeunesse en proie à l'attrait des contre-cultures. Si cela est de nature à décontenancer Tolkien, c'est un monde qui lui est largement étranger. Ainsi, les écrits de Tolkien ne sont pas tant une critique de la société actuelle qu'un témoignage vibrant de la beauté de la continuité historique britannique depuis les mythologies anglo-saxonnes, à la condition que celle-ci ne soit pas oubliée. Notons néanmoins que Tolkien n'était pas un ermite. Il avait bien sur énormément de Fans, et cela l'a enthousiasmé au début. Si il a ensuite été déconcerté, il a quand même avoué que cette reconnaissance lui faisait plaisir.

Evidemment, difficile de ne pas évoquer également la dimension mythologique de son oeuvre. Quelque part, Tolkien cherche à accomplir une quête : compléter la grande mythologie anglaise (et bien anglaise et non britannique : il est de ce point relativement anglocentré) qui s'est brutalement interrompue avec le règne des normands. Et voilà donc l'auteur qui plonge au coeur même de la fondation de la civilisation européenne et anglaise. Et il choisit le biais de la mythologie (dont on sait l'importance dans la création d'une idée de civilisation voire de nation).

Evidemment, l'oeuvre de tolkien est si riche en thème que je ne peux qu'en aborder une fraction. Néanmoins, je pense que je vais m'arrêter là pour ce chapitre (quitte à rajouter des photos ou images ensuite). Etape suivante : les contreverses.

Bon, avec un peu de retard, un autre chapitre sur les controverses :

Tolkien raciste ?

Un des points un peu curieux avancés par les détracteurs de tolkien : les "gentils" seraient beaux, souvent blonds (les elfes, les rohirrims), de belles carrures etc. Les "méchants" seraient laids; difformes et disgracieux. Evidemment, c'est un procès injuste. Car chez Tolkien, les créatures ne sont pas prédisposées au mal. Les orques étaient autrefois des elfes, qui ont été déformés et défigurés par la torture physique de Sauron et Morgoth. Sauron lui-même était une belle créature, un esprit de haut rang avant de succomber à la tentation de Morgoth. Tout est donc avant tout une question de choix plus que de naissance. D'ailleurs, un bel homme comme Boromir, issue d'une famille éminente, et son père, lui aussi de belle allure et d'un esprit très fin, sont tous les deux tentés par le mal à un moment ou l'autre.

Notons, hors de l'oeuvre à proprement parlé, que Tolkien a fortement condamné le nazisme (mais aussi les bombardements alliés sur l'allemagne ou le japon), sa récupération des mythes germaniques et son antisémitisme. Il a également condamné l'apartheid qui touchait son pays natal.

Un accusation détournée a alors été faite : Tolkien n'aurait certes pas été raciste, mais ethnocentré. Il s'agit d'un procès pour le moins curieux : accuse-t-on Tolkien (par ailleurs, connaisseur de mythes étrangers à l'europe et notamment indiens) d'avoir un très fort sentiment d'attachement à la civilisation européenne ? On a essayé de mettre en avant l'opposition dans le SDA entre les "bons" homme de l'ouest et les "mauvais" orientaux, bruns de peaux. En réalité, les orientaux ont surtout eu la malchance d'être tenu par diverses alliances de type féodal au Mordor (ce n'est pas dit explicitement mais clairement implicite dans le livre). Voir le passage ou Sam s'interroge en voyant un cadavre d'oriental : Tolkien, sans aller dans les détails complexes de toutes les alliances etc. ne cherche pas à simplifier à outrance son propos.


Tolkien réac ?

Toute sa vie, Tolkien est resté sceptique par rapport à ce que l'on appelait le "progrès". Lui qui avait eu des visions de l'Angleterre noire, hideuse et sale, dans sa jeunesse, détestait l'industrialisation (au passage, avait-il réellement tort ? ) accusé de dénaturer le paysage et les rapports sociaux. Tolkien était également contre le concile Vatican II, et lors des messes suivant ce concile, il est resté fidèle à la messe tridentine en répondant toujours en latin au prêtre (d'ailleurs pour lui, il ne s'agissait pas d'une réponse puisque selon l'ancienne messe, le prêtre est tourné non vers les fidèles mais vers Dieu).

Néanmoins, cela n'en fait pas un réactionnaire. Très peu "politisé" Tolkien n'a jamais soutenu de position anti-démocrate ou appelant au retour à un régime ancien. Il se décrivait comme un "anarchiste de droite" lors de ses très rares discours quelque peu politiques. Du reste, il n'était même pas contre le progrès, il avait juste correctement identifié ce qui n'était pas du progrès bien que l'on le fit passer pour tel : l'industrialisation, l'individualisme, l'urbanisation. En revanche, il n'a jamais mis en cause la recherche scientifique par exemple. Il se prononçait pour un développement de la civilisation européenne, mais évolutif.